Rousseau et les sciences

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6 février 2013 19:30 » 21:00 — Amphithéâtre Paul Langevin

par Martin Rueff

Roger Masters, qui voit en Rousseau le fondateur de la sociobiologie, a raison d’affirmer que « Jean-Jacques ne se contenta pas d’être un humaniste ; il fut aussi un homme de science ». On ne peut en effet refuser à Rousseau une série de travaux à caractère épistémologique. Il s’est intéressé, reconnaît-on volontiers, à la connaissance chimique ; on peut reconstruire à partir de L’Émile, des Lettres morales et de Julie ou La Nouvelle Héloïse une épistémologie de l’optique ; on lui reconnaît aussi sans mal une épistémologie de la musique, de type antiphysicaliste. Il a réfléchi sur l’histoire, la science politique, la géographie, l’astronomie, la pédagogie et, comme l’ont attesté les travaux de W. Lepenies qui a souligné sa continuité épistémologique avec Buffon, l’histoire naturelle. Pourtant, il ne s’agit pas seulement de déclarer avec Roger Masters et tout un courant de l’historiographie contemporaine que Rousseau fut, à côté d’un philosophe humaniste, un philosophe hard-minded, c’est-à-dire versé dans les sciences dures. Car de deux choses l’une, ou bien Rousseau manifesta de l’intérêt pour l’épistémologie de son temps, et son intuition lui a permis d’y contribuer localement, ou bien cet intérêt touche au centre de sa théorie de l’homme.
Se laisser guider par les épistémologies « locales », c’est s’exposer au reproche sur lequel s’ouvre le Second discours : « La plus utile et la moins avancée de toutes les connaissances humaines me paraît être celle de l’homme et j’ose dire que la seule inscription du temple de Delphes contenait un précepte plus important et plus difficile que tous les gros livres des moralistes. » Rousseau fut en effet un philosophe savant, mais ce point ne mériterait qu’un intérêt anecdotique si son épistémologie ne permettait pas d’établir quelle est la scientificité de sa théorie de l’homme, c’est-à-dire, comment décrire son modèle. La question devient dès lors la suivante : y a-t-il chez Rousseau une épistémologie générale, ou, pour parler comme la phénoménologie, une épistémologie « transrégionale », qui permette de réunir par la pensée toutes les épistémologies « régionales » évoquées ?

Professeur à l’université de Genève, Martin Rueff est notamment l’auteur d’une thèse considérable intitulée Anthropologie et poétique, la notion de modèle chez Jean-Jacques Rousseau et d’innombrables articles sur l’auteur de L’Émile, dont il prépare une réédition. Il a en outre collaboré à de prestigieuses éditions de Michel Foucault et de Claude Lévi-Strauss.

Cette conférence fait partie du cycle "Science et conscience", organisée conjointement avec la Société des Amis de Julie Boch et la librairie Transboréal.

Attention, ces conférences sont payantes :
 6€ pour le grand public ;
 4€ pour les adhérents de la Société des amis de Julie Boch ;
 gratuit pour les étudiants de Paris Sciences et Lettres.

Le programme complet du cycle est disponible sur le site de Transboréal.





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