La chimie analytique à l’honneur

19/01/2011

Marie-Claire Hennion Crédits : ESPCI ParisTech
Marie-Claire Hennion. Crédits : ESPCI ParisTech
Marie-Claire Hennion, professeur à l’ESPCI ParisTech, reçoit le prix Achille Le Bel pour l’année 2010. Décernée par la Société Chimique de France, cette distinction salue sa « contribution majeure aux applications de la chromatographie à la chimie analytique et à la formation des nouveaux chercheurs ».

Inventer de nouveaux concepts, de nouveaux outils

Marie-Claire Hennion est devenue l’une des figures internationales de la chimie analytique et plus précisément, de la chimie bioanalytique. Son atout : le développement de concepts et d’outils innovants au service de sa discipline.
Diplômée de l’Ecole Normale Supérieure de Cachan elle intègre en 1974 le laboratoire de Gaston Charlot (fondateur de la chimie analytique moderne et professeur à l’ESPCI ParisTech), où elle entreprend une thèse sur l’étude des mécanismes de séparation en chromatographie en phase liquide. A la recherche de phases solides capables de bien retenir et séparer les composés très polaires, elle est la première à démontrer ce potentiel pour le carbone graphite poreux et à l’utiliser pour extraire de l’eau des solutés très polaires et présents à l’état de traces. Dans les années 90, ceci ouvre la voie à l’analyse de composés toxiques solubles dans l’eau et lui permet de mettre au point des méthodes pour déceler les pesticides présents dans les eaux et les sols, identifier de nombreux produits issus de leur biodégradation et ainsi donner à sa spécialité une vraie dimension environnementale.

Chimie analytique, chromatographie…

La chimie analytique concerne l’analyse des produits, c’est-à-dire l’identification et la quantification de substances connues ou inconnues. Elle joue un rôle crucial dans tous les domaines : industrie, santé, environnement, sécurité alimentaire, sécurité des personnes, dopages, conservation du patrimoine, etc.

La chromatographie est une technique qui permet de séparer les divers constituants présents dans un échantillon afin de les identifier et les doser grâce à un détecteur couplé en ligne.)]

Aux sources de la chimie bioanalytique

Pionnière, elle s’est intéressée très tôt aux interactions spécifiques procurées par les éléments biologiques. Elle les a introduit dans les sciences séparatives pour des extractions très sélectives de composés - à l’état de traces et d’ultra-traces - dans des échantillons à matrice complexes ou dans des bioessais divers.

C’est ainsi qu’elle a mis au point, par exemple, de nouveaux matériaux fondés sur l’utilisation d’anticorps, rendant plus rapide et plus efficace l’analyse de composés organiques divers (pesticides, toxines, médicaments…) à partir d’échantillons parfois très difficiles à analyser de par leur complexité comme des rejets industriels, des boues de station d’épuration ou des tissus biologiques. « Nous avons aussi anticipé les besoins pour l’analyse des protéines, et nous sommes capable d’identifier en moins de 30 min des marqueurs biologiques dans du sérum en les piégeant dès le début de l’analyse » explique-t-elle. Et ce n’est pas tout : elle s’est aussi penchée sur le mode d’action des composés toxiques pour développer des bioessais, afin notamment de détecter rapidement les toxines dans les efflorescences algales (augmentations rapides de la concentration de phytoplanctons dans un système aquatique). Autre nouveauté : l’utilisation de récepteurs à œstrogène pour identifier des perturbateurs endocriniens.

Un concept élégant : la miniaturisation des sciences analytiques

Comment faciliter et améliorer les méthodes analytiques ? Pour répondre à cette question, Marie-Claire Hennion a adopté des solutions sans solvant et miniaturisé les outils. Les avantages ne sont pas négligeables : les analyses deviennent rapides, économiques et aisément réalisables sur le terrain. Cela l’a amenée, en particulier, à participer à la mise au point de systèmes séparatifs sur micro puces, systèmes fondés sur la microfluidique.

Le flambeau est transmis

Au-delà du travail de recherche, Marie-Claire Hennion contribue depuis plusieurs années à structurer la communauté scientifique autour de son activité. Elle est particulièrement impliquée dans la création d’un pôle régional : l’Institut des sciences analytiques et bioanalytiques en Ile-de-France. Elle a également encouragé les jeunes chercheurs au sein de son laboratoire (Laboratoire Environnement et chimie analytique devenu Sciences analytiques, bioanalytique et miniaturisation). « Avec Valérie Pichon et toute l’équipe, je sais aujourd’hui que ma relève est assurée et ce prix vient récompenser tout le laboratoire ». Et l’avenir ? « Je vais certainement m’impliquer davantage dans la recherche d’outils plus performants pour le biomédical ».

Marie-Claire Hennion en 5 dates :

1974 : diplomée de l’ENS Cachan

1975 : DEA de chimie analytique sous la direction de Gaston Charlot

1982 : Docteur d’Etat es sciences physique option chimie, devient maitre de conférence à l’ESPCI

1997 : prend la direction du LECA (Laboratoire Environnement et chimie analytique et de l’UMR ESPCI/CNRS 7121

2009 : directrice adjointe de l’UMR (ESPCI/UPMC/CNRS) PECSA 7195

Pour en savoir plus :

A propos de Joseph Achille le Bel

La société chimique de France

Le site français de l’Année internationale de la Chimie

Contacts :

marie-claire.hennion[at]espci.fr

Le service communication de l’ESPCI ParisTech : codit[at]espci.fr

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