La Joconde : un mystère s’éclaircit

01/12/2010

En vidéo : Quelques images de la remise des prix et l’éclairage de Laurence de Viguerie 

Prix Le Monde de la recherche universitaire - 13ème édition

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En observant Mona Lisa, on se demande comment Léonard de Vinci est parvenu à un tel niveau de perfection. Objet de toutes les interrogations : le sfumato, qui vient de l’italien fumo (fumée). Cet effet pictural s’applique aux contours et transitions pour mieux sublimer les visages et leurs ombres. Il s’agit techniquement d’un glacis, une superposition de couches de peintures faiblement pigmentées. Si cette pratique est commune à différents peintres de l’école flamande, Léonard de Vinci a su la perfectionner et la maitriser comme personne.

Son procédé est demeuré d’autant plus mystérieux que l’analyse scientifique du « sfumato » est particulièrement difficile. En effet, aucun prélèvement microscopique ne peut être réalisé sur la Joconde comme sur d’autres tableaux de Léonard de Vinci : leur l’intégrité doit être préservée. Soucieux de savoir comment restaurer ces toiles, le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) a décidé d’enquêter et c’est dans ce contexte que Laurence de Viguerie a mené sa thèse (UPMC Paris-VI).

Première étape : découvrir la « recette » du liant

Laurence de Viguerie a d’abord concentré ses efforts sur ce fluide. Le liant agglomère des particules solides, les pigments, à qui il donne de la cohésion. Il permet en outre, lors du séchage, de durcir la matière colorée afin de créer un film protecteur durable. La formulation du liant utilisé par Léonard de Vinci est d’autant plus remarquable que les craquelures sont précisément moins importantes… dans les ombres.

Deuxième étape : analyser les couches de peintures sous jacentes

Laurence a fait équipe avec Aglae, l’Accélérateur Grand Louvre d’analyses élémentaires, un outil d’analyses non destructives particulièrement performant. Une méthodologie innovante fondée sur l’analyse par faisceau d’ions a permis d’expertiser des échantillons de peinture utilisés par des contemporains de Léonard de Vinci.

Troisième étape : le recours à la fluorescence X

Les œuvres ont été étudiées aux rayons X. Si ce procédé est désormais assez classique, le recours à un logiciel développé à l’European Synchrotron Radiation Facility a permis d’étudier la fluorescence X des différentes couches de peinture et d’obtenir une stratigraphie. La composition de chaque couche ainsi que leur épaisseur ont alors été révélées.

Résultats

Pas moins de 13 portraits ont été analysés pour décrire très concrètement la réalisation des visages. Il en ressort que les couches réalisées pour le « sfumato » sont d’une si grande finesse qu’entre vingt et trente d’entre elles ont été nécessaires pour obtenir le rendu de certaines ombres. C’est la preuve d’une extrême maitrise technique de Léonard de Vinci ainsi qu’un indice clé pour expliquer le temps - réputé considérable – que consacrait l’artiste à ses toiles. Entre chaque couche, un certain temps de séchage devait en effet être respecté. La thèse de Laurence de Viguerie va certainement contribuer à ouvrir de nouvelles perspectives pour la restauration de ces inestimables tableaux.

Pour en savoir plus :

Admirer la Joconde en haute définition

Consulter le site de l’Université Pierre et Marie Curie

Le site de la 13ème édition des Prix Le Monde de la recherche universitaire

Lire l’article (accès restreint) écrit par Laurence de Viguerie dans Le Monde du 18/11 (Source)

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